Les projections de l’âme Du mirage du moi à l’éveil de l’Être
- Claude Sciortino Jamaël

- 15 août
- 5 min de lecture

Tout être humain, au cours de son cheminement, traverse un enchevêtrement de projections.
Ce sont des images souvent inconscientes, que nous projetons sur le monde, les autres et sur Dieu lui-même.
Ces projections sont façonnées par nos blessures, nos conditionnements, nos lignées et surtout par une méconnaissance du Soi véritable.
Tant que l’on ne voit pas cela, nous vivons dans l’illusion de ce que nous croyons être la réalité, alors qu’il ne s’agit que d’un reflet déformé de notre monde intérieur.
I. La nature des projections : une distorsion du réel
Selon Carl Gustav Jung, la projection est un mécanisme par lequel le sujet expulse de lui ce qu’il refuse de reconnaître en lui-même, pour le percevoir chez l’autre.
Ainsi, une peur non assumée, un désir refoulé, une blessure d’enfance ou un rêve inassouvi peuvent se transformer en accusation, en idéalisation ou en rejet de l’autre.
Ces projections ne sont pas anodines. Elles conditionnent notre perception du monde. Elles peuvent prendre la forme :
Du sauveur ou du persécuteur,
Du parent idéal ou du partenaire décevant,
De l’autorité haïe ou adorée,
Du gourou illuminé ou du tyran.
Mais elles ont toutes un point commun : elles viennent voiler l’essence de ce qui est, pour substituer une image mentale issue de nos histoires non digérées.
II. La source transgénérationnelle des projections
Nos projections ne naissent pas uniquement de notre biographie personnelle. Elles sont aussi transmises à travers les lignées.
Les traumatismes non résolus de nos ancêtres, les loyautés invisibles, les secrets de famille, les croyances religieuses, les tabous et les mémoires émotionnelles non digérées s'inscrivent dans notre psyché comme un héritage inconscient.
Nous devenons alors les porteurs de rêves inachevés, de blessures collectives ou de malédictions silencieuses, que nous projetons sur nos relations, nos amours, nos enfants ou notre spiritualité.
III. L’illusion du moi et la chute nécessaire
Le moi (ou ego) cherche à se protéger en projetant à l’extérieur ce qu’il ne peut ou ne veut pas affronter en lui. Il construit un château d’identités, de certitudes, de vérités toutes faites.
Mais ce château est fragile. Il suffit d’un choc existentiel, d’un deuil, d’un échec, ou d’une rencontre profonde, pour que le château s’effondre.
Cette chute n’est pas une fin. C’est une initiation. C’est la possibilité d’entrer enfin en contact avec les strates les plus enfouies de notre être : les blessures originelles, les masques, les attachements, mais aussi la lumière oubliée.
IV. La descente en soi : voie alchimique de libération
Se libérer des projections n’est pas un acte mental. Cela demande un travail de descente, un processus souvent long et exigeant, comparable à une alchimie intérieure.
Il s’agit de traverser :
Le brouillard des illusions et des croyances,
La douleur du désenchantement,
La tentation de se fuir encore,
La solitude existentielle de celui qui ose voir.
Mais dans cette plongée naît une autre vision : celle de l’Être derrière le personnage. Ce n’est qu’en éclairant nos ombres que nous cessons d’accuser les autres de ce qui nous appartient. C’est là que naît l’amour véritable, car il ne projette plus, il voit.
V. Vers l’éveil : dépouillement du faux pour révéler le vrai
L’éveil n’est pas un état extatique permanent. C’est une lucidité croissante. Une manière d’habiter le monde sans illusion, sans masque, sans transfert. Cela demande du courage, parfois des vies entières, pour reconnaître que ce que nous voyons "dehors" est souvent le miroir de notre "dedans".
L’éveil commence là où finit la projection. Là où l’on cesse d’imputer à l’autre la cause de son mal-être. Là où l’on embrasse ses blessures avec tendresse, où l’on intègre ses parts d’ombre avec conscience. Là où le silence remplace les jugements, et la présence remplace le besoin de contrôle.
Chaque être humain est appelé, tôt ou tard, à quitter le théâtre des projections. Ce n’est pas un chemin simple, mais c’est le seul chemin de vérité. Le Soi ne peut naître que lorsque les identités forgées par la peur et le désir s’éteignent. Cela ne se décrète pas : cela se vit, se meurt et se dépasse.
À ceux qui ont le courage de descendre, une autre lumière est promise. Une lumière non projetée, non pensée, mais vécue : celle de l’être éveillé à lui-même.
Dès la naissance, nous pouvons vérifier sur notre thème astral les tendances de notre psyché, les blessures transgénérationnelles et les enjeux relationnels que nous aurons à rencontrer. L’astrologie permet d'explorer les mémoires archétypales familiales et leur influence.
Ce thème agit comme une empreinte énergétique — un mandala cosmique — à travers lequel nos projections et transferts prennent forme.
La projection, en psychologie, est ce mécanisme inconscient par lequel nous attribuons à l'autre des contenus internes non reconnus. Autrement dit, ce que nous ne parvenons pas à voir en nous — qu’il s’agisse de qualités refoulées ou de blessures non intégrées — est déplacé à l’extérieur, sur une personne, un système, une situation.
L’autre devient un miroir, et parfois même un écran, sur lequel nous projetons notre ciel intérieur.

VI. Dans une lecture astrologique, cette mécanique projective est souvent illustrée par certaines positions planétaires
1. La Lune incarne l’énergie Yin, (archétype de la Mère)
Cet astre régit notre mémoire émotionnelle et notre inconscient. Elle révèle l’emplacement de nos besoins affectifs — qu’ils soient refoulés ou non — que nous avons tendance à projeter sur nos proches, en particulier sur la figure maternelle ou le partenaire (l’autre).
Mais ce jeu de miroir n’est pas une fatalité : il peut devenir une voie initiatique. L’astrologie ouvre alors un espace de conscience qui favorise la réintégration intérieure. Elle met en lumière les endroits où nous avons, souvent inconsciemment, cédé notre pouvoir à l’extérieur — un pouvoir qui, en réalité, nous appartient.
Elle éclaire les zones d’ombre dissimulées en nous et propose une véritable cartographie intérieure pour discerner les parts de lumière et les dynamiques inconscientes qui nous gouvernent.
L’analyse des transits planétaires permet de comprendre les moments où certaines projections s’intensifient — comme autant de phases de purification intérieure, où la conscience est invitée à réintégrer ce qu’elle avait autrefois exilé.
C’est là tout le sens du travail sur le transfert, tel qu’il est défini en psychanalyse : les figures parentales, affectives ou spirituelles sont inconsciemment rejouées dans la relation à l’autre.
Dans le cadre d’un accompagnement thérapeutique ou spirituel, comprendre les mécanismes astrologiques à l’œuvre dans ces projections permet d’éviter bien des illusions et de s’ouvrir à une véritable libération intérieure.
Chaque projection devient alors une porte de retour vers soi. Dans cette perspective, l’astrologie cesse d’être un système de déterminisme. Elle devient une clé alchimique, une voie de transmutation des reflets extérieurs en conscience intérieure.
À travers le symbolisme des planètes, par exemple, la Lune représente aussi l’anima, la Mère, la femme intériorisée, et les besoins émotionnels fondamentaux. Elle éclaire les zones où l’on cherche, souvent inconsciemment, la fusion maternelle, la sécurité, ou une forme de protection archaïque, héritée de notre lignée. Elle décrit dans sa position, le climat émotionnel de l’enfance, la manière dont l’enfant a été nourri, écouté, ou non.
2. Le Soleil l’énergie Yang (archétype du Père)
Représente la figure paternelle, l’autorité, la lumière qui éclaire le chemin, ou parfois son absence. Il symbolise aussi la quête d’identité et le rapport à l’accomplissement personnel.
La position de ces astres dans notre thème astrologique montre comment on se projette dans le monde et comment on cherche la reconnaissance.
3. la planète Saturne est souvent identifié au Surmoi parental et karmique
Saturne représente les lois, les limites et les responsabilités parentales. La planète parle aussi des blessures karmiques familiales, et des structures mentales ou sociales dans lesquelles l’enfant a grandi.
✸ Exemple : Saturne conjoint à la Lune montre un conditionnement fort, parfois un climat austère, une mère porteuse de charge, ou l’interdiction d’exprimer ses émotions.




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